03 Fév Opinion – L’Europe n’est ni le problème ni la solution.
Si on me demande quels sont les plus grands problèmes de la France ou quelles seraient les réformes prioritaires pour remettre notre pays en ordre, je dirai :
1 L’école.
2 Notre système fiscal et social.
3 L’organisation de l’état.
Après plus de trente ans de déni, on admet enfin que le niveau des petits Français à l’école est catastrophique. Par idéologie, on a renoncé à la volonté d’excellence (quelle horreur la sélection !) et à la transmission de la connaissance et de la culture au nom d’une idéologie mettant en premier l’inclusion et d’égalité.
Pour être sûr que tous les enfants soient égaux, on a réduit le niveau et l’exigence. Loin d’avoir favorisé les classes populaires, cette idéologie a renforcé l’exclusion : les parents dotés d’un capital social ou économique ont fui cette école et les enfants défavorisés n’ont plus eu l’opportunité de s’élever. Pire, les enfants issus de l’immigration ont été relégués dans des ZEP ou l’assimilation républicaine s’est arrêté par une sorte d’angélisme et d’idéologie relativiste : le manuel d’histoire de mes enfants pour « équilibrer » et « relativiser » en rajoute sur le siècle d’or de l’islam, avec une flèche « connaissance » à sens unique vers l’Europe, comme si à cette époque nous n’avions ni connaissance ni art : que les voûtes des cathédrales a plus de 30 m étaient l’œuvre du Saint-Esprit et pas de connaissance mathématiques, ou que les grandes bibliothèques des moines étaient vides (la bibliothèque de Saint Gallen date du VIII siècle, puis il y a eu Cluny, etc.). Comment faire des Français dans ces conditions ? Chanter la marseillaise ne suffira pas !
En plus d’avoir obtenu des résultats opposés aux objectifs, ce délabrement hypothèque l’avenir de la France : pas d’Airbus, de central électrique ou de ChatGPT, sans technologie développée par des ingénieurs de premier plan. Qui a entendu l’alerte des professeurs de l’École polytechnique craignant de ne plus trouver 400 élèves par ans ayant le niveau ?
Véritable hydre, notre système fiscal et social est parmi les plus chers (en % du PIB) pour un résultat décevant : Le nombre et le niveau d’impôt obligent à créer des niches pour laisser de l’air aux acteurs. La complexité du système du système redistributif crée de véritables niches à pauvreté sans la résoudre. Un exemple parmi tant : pour donner 100 à un salarié au SMIC, le parton doit débourser 400, car il sort alors des exonérations de charges. Pourtant c’est un Français qui a pensé l’organisation de l’état : Vauban. Notamment en recommandant un nombre limité d’impôts les plus larges possibles sans exception. Et que faisons-nous ? À chaque problème des nouveaux impôts, cotisations prime ou exonérations !
Enfin notre État : alors que nous avons le record d’Europe de prélèvement obligatoire, tous les services régaliens sont en déshérences : hôpital, police, justice … (Et bien sûr l’école comme discutée)
Et pourtant nous avons toujours plus de fonctionnaires ! Entre 1980 et 2017, le nombre de fonctionnaires a augmenté de 40% alors que la population n’a progressé que de 22%.
Étions-nous sous administré sous de Gaulle, Pompidou ou Giscard ?
Avec notre mille-feuille : ville, communauté, département, grande région, état, sans compter les Collectivités comme l’Alsace répondant au Jacobinisme parisien de vouloir faire disparaître les régions dans de grandes circonscriptions administratives, on ne manque pas d’interlocuteur en France ! Et j’oublie la métropole du grand Paris entre la Ville et la région !
Ni l’Europe, ni l’euro n’ont de rapport avec ces trois problèmes, ni d’ailleurs n’apportent de solution.
L’appartenance à l’Europe ou à l’euro peut-être néanmoins discuté, mais alors de façon rationnelle :
Il est envisageable de sortir de l’Europe et de l’euro et cela n’entraînera pas la ruine, ou une crise économique.
Mais croire, comme le pseudophilosophe médiatique, qui porte son ignorance de la science économique comme un étendard, qu’en sortant l’Europe de Maastricht on peut s’affranchir des règles de (je cite) l’ordo libéralisme ; c’est continué de croire que malgré la suite constante des échecs de ceux qui ont appliqué une telle politique, il serait raisonnable de suivre un programme comme l’avait promis Aléxis Tsípras, Podemos ou LFI. Quand on analyse la débâcle de 81 -83, la chute du Venezuela, on ne peut que conclure que la Grèce a bien fait de rester dans l’orthodoxie plutôt que de suivre l’exemple argentin : le redressement fut douloureux, mais ils s’en sont sorti contrairement à l’Argentine. En fait, il est incroyable qu’on puisse encore se prétendre intellectuel et croire au marxisme, la seule explication pour le verbiage de M. Onfray (vous l’aurez reconnu) s’appelle l’effet Dunning–Kruger. (Je vous laisse regarder sur Wiki).
Quant à la sortie de l’euro, elle est aussi envisageable, mais elle n’apportera pas de prospérité supplémentaire : la théorie économique (je vous laisse lire l’œuvre de Milton Friedman et de ses disciples de l’école de Chicago) nous enseigne que sur une période longue, l’outil monétaire ne crée pas de surplus de richesse. Bien sûr en cas de crise il est plus facile ou plus rapide de dévaluer que de réduire les salaires ou les retraites comme en Grèce, mais in fine le résultat sera le même en parité de pouvoir d’achat. Et en tout cas au bout de plus de 20 ans, si on pense que les prix et les salaires en France ne sont pas adaptés au niveau de l’euro, c’est alors plus le signe d’un problème interne (en particulier la rigidité du marché de l’emploi) que d’un mauvais niveau de l’euro. En sortant et effectuant des dévaluations répétées, on peut agir sur le symptôme, mais si on ne traite pas la cause (le non-alignement des salaires à la productivité) , à la fin la France ne sera pas plus prospère : elle renouera avec son habitude d’augmentation des salaires compensée par l’inflation. Un signe criant que notre pathologie, est que lorsqu’on débat du pouvoir d’achat en France, on demande à l’état une loi ou une augmentation du SMIC. Nous restons dans l’illusion que la richesse est un stock qui préexiste dans les poches de M. Arnaud et qu’il suffit de lui prendre !
Arrêtons de croire au père Noël ou plutôt aux bénéfices de brûler les sorcières et de croire que nos problèmes viennent d’un complot de méchants Eurocrates (à la solde de la CIA, je suppose, ou vendu aux Allemands comme Dreyfus) qu’il suffirait de déjouer et que par magie en sortant de l’euro et de l’Europe tout rentrerait dans l’ordre sans effort…
Cette démagogie europhobe nous maintient dans l’illusion que la solution serait facile, rapide et surtout sans effort !
Cela n’empêche pas de discuter de l’intérêt de sortir ou pas de l’Europe ou de l’euro et de soupeser les avantages (accès à un grand marché pour nos multinationales, protection contre le risque de change , poids dans l’OMC pour défendre Airbus contre Boeing, etc.) et les inconvénients ( perte de souveraineté, lenteur des décisions, etc.)
Mais sans démagogie !
Je note juste que parmi les pays les plus compétitifs économiquement (index IMD 2023), je trouve aux premières places le Danemark et l’Irlande (dans l’Europe et dans l’euro ou de fait pour le Danemark qui a une monnaie à taux fixe), et la suisse en 3e ancien 1er et 2e (hors Europe). On peut donc, aussi, raisonnablement ne pas faire partie de l’Europe. À ceci près que la Suisse participe à de nombreuses politiques européennes (Schengen entre autres), certes à la carte, mais sans pouvoir influer sur leur élaboration et que de faits le pays est dans la zone d’influence de l’euro, comme le serait la France hors euro vu le poids respectif des PIB. En suisse, vous pouvez payer partout en euro sur le territoire suisse : c’est une option sur le terminal de payement.
Le débat est aussi ouvert sur le fonctionnement de l’Europe. Je note juste que dans les points 2 et 3 initiaux je constate que la France fonctionne mal, j’aurais pu aussi parler de sa crise politique ! Et donc si on applique le raisonnement qui consiste à supprimer ce qui fonctionne mal, doit-on supprimer la France ou tout au moins laisser une clause de sortie (aux Corses par exemple ?). La bonne nouvelle est justement que contrairement à la France, l’Europe a une clause de sortie.
Mais avant de l’activer, réfléchissons au sort des Anglais :
Certes le Brexit n’a pas entraîné de crises ni de catastrophes : pas de pluie de Sauterelles. Mais aucun problème n’a été pour autant résolus que cela soit le système de Santé, l’immigration ou le reste : Ou est le « Global Britain » ?
Les Anglais viennent de se rendre compte que ceux qui leur disaient que tout est de la faute de l’Europe avaient menti : les problèmes étaient internes, leurs résolutions demandent du travail et des efforts. Sortir de l’Europe est aussi efficace que de brûler les sorcières en cas d’épidémie ou de famine !
Cela est identique en France : nos plus gros problèmes sont internes.
Il faudra du courage et des efforts pour réformer notre école, notre système social et notre état.
La discussion sur l’Europe apparaît dans ce contexte comme une diversion délétère au sens où elle nous écarte des vraies solutions.
Mais il si facile et simple d’accuser les autres !