« Une Nation est une âme, un principe spirituel, deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une et constituent cette âme et ce principe spirituel ; l’une est dans le passé, l’autre dans le présent ; l’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs, l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble et de prolonger l’héritage que l’on a reçu. » Ernest Renan.
Si la souveraineté consiste seulement à décider seul, sans tenir compte d’autre chose que de sa propre volonté, force est de constater qu’elle touche de nombreux domaines et qu’elle ne peut faire fi de son environnement, comme Nation ou comme individu. Elle se conjugue selon deux grands axes, fortement interdépendants, l’organisation de la Nation et l’existence de l’individu.
Celle de l’individu s’exprime à son propre niveau, celui de sa famille, de son lieu de vie pour rejoindre celle de sa région et celle de la Nation, elle-même liée à ses institutions et à celle des grands domaines qui l’organisent : affaires étrangères, défense, agriculture, industrie, numérique, droit, monnaie, santé, culture, frontières, médias, identité.
Dans tous les cas, elle est l’aboutissement de la liberté. La subsidiarité est son principe essentiel de fonctionnement. Elle peut être totale ou partielle et dans ce cas, le choix du partenaire est l’acte de souveraineté. Chaque niveau définit un périmètre, à l’intérieur duquel l’individu ou la structure concernée peut s’organiser pour résister aux pressions.
Philosophiquement, la souveraineté n’est pas un droit, mais le résultat d’un désir fort tant pour l’individu, ses structures d’appartenance, qu’à celui de la Nation et peut se résumer au pouvoir de dire oui ou non. Elle n’existe que tant qu’il y a quelqu’un pour la porter, pour refuser la soumission, elle peut se réduire parfois à une flamme sous le boisseau qui, tant qu’elle brûle, peut être ranimée. Elle est incompatible avec la faiblesse ou la défaite : la France a perdu l’essentiel de la sienne lors de la seconde guerre mondiale et la surévaluation de la Résistance n’y a rien changé. Elle est enfin le bras armé de l’Etat mais ne doit pas conduire à un repli identitaire mais à la recherche de coopérations.
« Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation, nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément » Philippe Seguin.
Pour l’individu d’abord, la souveraineté permet une organisation sereine de la société dans laquelle chacun est reconnu et peut exercer ses talents. Elle applique de façon systématique le principe de subsidiarité selon lequel tout ce qui peut être confié à l’échelon « inférieur » doit lui être délégué. La recherche du bien commun et celle de l’intérêt général peuvent ainsi être confiés à chaque domaine de l’organisation et la centralisation ne concerner que l’essentiel.